Dispositifs urbains anti-SDF

Qu’est-ce que c’est

Les « dispositifs urbains anti-SDF » désignent les dispositifs spécialement mis en place pour empêcher les personnes de stationner dans l’espace public, en rendant l’occupation inconfortable voire impossible.

Ceux-ci sont de deux ordres :

      • mobilier urbain public ou privé (grilles, pics, assises individuelles, pots de fleurs géants…)
      • mesures administratives (arrêtés anti-mendicité, anti-bivouac, anti-glanage…)

Ces procédés visent ainsi à repousser certaines catégories de la population que les municipalités et les privés considèrent « indésirables » (SDF, Rroms, vendeurs à la sauvette…).

 

Lyon, GAGNANTE des PICS d’OR 2020

Depuis 2019, la fondation Abbé Pierre décerne ironiquement les prix des Pics d’Or aux villes les plus inventives en matière de mobilier urbain anti-SDF.

En 2020, elle attribue à la ville de Lyon le prix du dispositif le plus décomplexé dans la catégorie « Fallait Oser »  pour son installation au 38 rue de Crillon (Lyon 6). Il s’agit d’un système de rails en fer posés sur un banc en pierre, empêchant les sans-abris, et par-là même toute autre personne, de pouvoir s’y asseoir pour se reposer ou de s’y allonger pour dormir.

Cette remise de prix souligne bien les velléités des pouvoirs publics. D’ailleurs, en septembre 2018, la mairie poursuivait au tribunal deux militant.es pour vol en bande organisée, pour avoir démonter les arceaux anti-SDF (soit-disant des « accoudoirs ») sur des bancs de la place Carnot.

Et depuis quelques années, ce genre de dispositifs se multiplie dans les rues lyonnaises. Au gré des quartiers, des lieux et des commerces, les concepteurs ne manquent malheureusement pas d’imagination.

Côté public, on citera par exemple l’installation d’un faux chantier en juillet 2014 sur la place Gabriel Péri au coeur de la Guillotière. Alors que la mairie parle de « délimiter des espaces d’étude en vue d’aménagements futurs liés à l’embellissement », elle vise en réalité à éloigner les Rroms qui participent aux puces de la Place.

Côté privé, le secteur des banques fait partie des plus prolifiques en matière de systèmes anti-SDF :

 

Et bien sûr, tout cela fait le jeu des capitalistes, qui voient en ces dispositifs des opportunités de nouveaux marchés. C’est notamment le cas de l’entreprise lyonnaise Polymobil, spécialiste de mobilier urbain qui, sous-couvert de réaliser des produits « design », contribue pleinement à la marginalisation de populations déjà bien précarisées.

 

Pour une réappropriation de l’espace public

La France compterait plus de 200 000 sans-abris, et la crise économique actuelle pourrait bien faire exploser ce nombre.

Loin de régler les problèmes de précarité, l’installation de tels dispositifs ne fait que les déplacer. S’il est intolérable que des gens dorment à la rue, les personnes sans-abris doivent pouvoir investir l’espace public comme elles le souhaitent.

 

A Guillotière comme ailleurs,
Déboulonnons les rails et faisons fleurir les bancs !

 

 

 

RESSOURCES
Dispositifs anti-SDF à Lyon : une carte collaborative pour les remarquer

Cet article paru sur Rue89Lyon en 2016 répertorie un certain nombre de dispositifs anti-SDF sur Lyon (article ici)

 

 

Marche ou crève, urbanisme inhumain

Ce blog recense les moyens architecturaux pour confisquer l’espace public aux populations. Du mobilier urbain anti-SDF à la disparition des bancs, en passant par l’invasion des terrasses sur les places (site ici)